Classe Dreadnought
La classe Dreadnought ("Qui ne craint rien") est une classe de cuirassé qui fut élaborée à l'aube du XXème siècle.
Le Dreadnought par ses caractéristiques (artillerie monocalibre, propulsion par des turbines à vapeur) révolutionna la
marine de guerre. Sa production rendit obsolète tous les bâtiments existants et, à l'approche de la Première Guerre
mondiale, il déclencha une course aux armements navals sans précédents.
Genèse :
Avant la conception du Dreadnought, les cuirassés étaient typiquement armés de quatre canons principaux (300mm) en deux tourelles
doubles, une sur l'avant du navire et l'autre à l'arrière.
Une collection de pièces d'un calibre intermédiaire garnissait les deux flancs du navire,
complétant la puissance de principale feu de celui-ci : Une quarantaine de canons d'un calibre de 230mm jusqu'à des petites
pièces de trois livres devaient permettre de répondre à l'attaque de différents types de navires, du croiseur au
contre torpilleur. Ces cuirassés étaient appelés à "artillerie mixte".
Cette organisation de l'armement parce que complexe, avait plusieurs défauts :
- Le nombre de pièces utilisables à grande distance était faible (Quatre canons seulement).
- La diversité des calibres compliquait le pointage de l'artillerie et la gestion des munitions.
- Les ouvertures des casemates les plus basses dans la coque affaiblissaient le blindage du bateau.
Ces cuirassés étaient pourvu d'une propulsion à vapeur à triple expansion utilisant des cylindres, permettant d'atteindre une
vitesse de 18 à 19 noeuds.
En 1903, un article paru dans la revue du Jane's Flighting Ships" écrit par
l'Italien Vittorio Cuniberti qui fit sensation :
Le concept exposé prônait un nouveau type de navire dont la puissance de feu était écrasant à grande distance.
Au début du XXème siècle, la distance de combats entre cuirassés était de l'ordre de 3000 yards (2750m). Cuniberti accroissait
cette distance à plus de 6000 yards (5500 m) voire 8000 yards (7300m) par l'emploi de nombreuses pièces de 300 mm. De
facto Cuniberti supprimait quasiment tous les canons de moindre calibre.
Les caractéristiques de ce navire imaginé par l'Italien et qui allait inspiré le Dreadnought étaient les suivantes :
- Déplacement : 17 000 tonnes.
- Armement : 12 pièces de 305 mm (12 ")
- Blindage : 300 mm
- Vitesse : 24 noeuds.
Prenant en compte, les conclusions de cette article et considérant les inconvénients (Cf : Supra) des "cuirassés à artillerie
mixte",l'amiral John Arbuthnot Fisher Premier Lord de l'amirauté Britannique conçut un
cuirassé d'artillerie monocalibre, mieux armé (Dix canons de 12" (305 mm)) avec un blindage conséquent (280 mm).
Le but ultime de Fisher était le combat de titans à longue distance : Le navire devait être construit autour de
l'artillerie et non l'artillerie adaptée au navire.
Fisher, prôna également
la vitesse comme principale protection (21 noeuds). Il utilisa alors la turbine à vapeur inventée par Charles Algernon
Parsons en 1884 (Ce mode de propulsion appliquée à la propulsion navale sur le Turbinia, avait
permit d'atteindre la vitesse extraordinaire de 34 noeuds en 1897).
Ce nouveau type de cuirassé surpuissant rendait obsolète les cuirassés juste construits ou en construction tel le
cuirassé Deutschland qui ne jaugeait que 13 615 tonnes et n'atteignait qu'une vitesse de 18 noeuds...Tout le
programme naval lancé par l'Allemagne en 1898 sous les ordres de l'Amiral Tirpitz ne pouvait rivaliser avec les nouveaux
navires Britanniques..
br>
Classe Dreadnought
Caractéristiques de la Classe Dreadnought :
- Type : Cuirassé
- Classe Dreadnought
- Royal Navy
- Commandé : 1905
- Quille posée : 10 Février 1906
- Lancement : 1er Novembre 1906
- Armé : Décembre 1906
- Statut : Radié en 1919, démoli en 1923
- Longueur : 160 mètres
- Maître-bau : 25 m
- Tirant d’eau : 8 m
- Déplacement : 18 420 tonnes
- Propulsion : 18 chaudières Babcock & Wilcox du type à triple tambour, 4 turbines à vapeur Parsons ; 900/2 900 tonnes de
charbon, 1 120 tonnes de pétrole
- Puissance : 22 500 ch (17 MW)
- Vitesse : 21 noeuds
- Blindage : ceinture : 100 à 280 mm au milieu, 64 mm aux extrémités ; Pont : 75 mm ; Tourelles, barbettes et tour de
commandement : 280 mm
- Armement : 5 tourelles doubles de 305 mm (45 calibres, 1 av. 2 ar. 2 milieu), 27 canons de 76 mm (12 livres) en
affûts simples, 5 tubes lance-torpille immergés de 457 mm
- Rayon d’action : 6 620 milles à 10 noeud.
4 910 milles à 18,4 nœuds
- Équipage : 695 à 773 hommes
Concept :
Le concept était relativement simple et avait été envisagé depuis quelques années par beaucoup de marines. Il consistait
à profiter de la vitesse de 21 noeuds, obtenue grâce au remplacement des machines à vapeur à triple expansion par des
turbines, qui rendait l'attaque du navire plus difficile en particulier pour les petits torpilleurs, pour se
débarrasser de l'artillerie secondaire qui était censée les combattre. Le gain de place et de masse ainsi créé
était alors réinvesti dans un accroissement de l'artillerie principale.
Le Dreadnought avait donc cinq tourelles, chacune avec deux canons de 12 pouces (305 mm) de calibre. Trois d'entre elles
étaient de façon très conventionnelle placées dans l'axe du navire, une à l'avant et deux à l'arrière, les deux
autres étaient placées de part et d'autre de la superstructure, en arrière de la tourelle avant. Cette disposition
fut par la suite considérée comme assez inefficace, car elle limitait dans tous les cas le nombre maximal de pièces
utilisables sur un unique objectif à huit, et la tendance sur ses successeurs était de placer les tourelles toutes
dans l'axe, ce qui fut facilité par l'apparition de la superposition des tourelles qui avait été écartée sur le
Dreadnought, par crainte d'une destruction simultanée. Vingt-sept canons de 76 mm à tir rapide étaient en outre
montés, mais dans un rôle de défense rapprochée contre les petites unités.
Ce cuirassé pouvait donc engager huit pièces du plus lourd calibre, alors que ses prédécesseurs n'en avaient que
quatre à lui opposer. Ajouté au fait que sa vitesse supérieure lui permettait de rester hors de portée de la
nombreuse artillerie secondaire de ceux-ci et lui permettait aussi de rompre le combat à sa convenance, le
Dreadnought était potentiellement supérieur à deux de ses aînés. Comme évoqué précédemment, la réduction des
types de canons à un seul modèle uniforme simplifiait grandement l'usage de ceux-ci. Ils pouvaient être pointés
par une direction de tir centralisée et mis à feu électriquement tous en même temps. Ce tir de salve autorisait
une technique de visée par encadrement beaucoup plus simple et efficace qu'avec des pièces diverses,
les gerbes provoquées par les coups manqués ne pouvant provenir que d'un type d'obus ; leur groupement
facilitait encore leur observation, associé à l'emploi d'un télémètre optique par coïncidence. On pouvait
alors trouver la distance beaucoup plus rapidement qu'auparavant, dans le début d'un engagement.
D'autres innovations avait aussi été introduites sur ce navire. On avait supprimé les couloirs longitudinaux qui
couraient à travers les compartiments étanches, sous le pont principal. Ces passages, au combat, étaient bien
entendu obstrués par la fermeture des portes étanches mais, en temps normal, lors de collisions ou autre
accidents de mer, ils pouvaient se révéler fatals à la survie du bâtiment.
Autre nouveauté de taille pour la Royal Navy, le déplacement des quartiers des officiers, traditionnellement situés à
l'arrière du navire, comme aux temps de la voile, vers l'avant sous la passerelle de commandement. L'espace à
l'arrière ainsi libéré fut réutilisé par les chauffeurs et les mécaniciens qui se rapprochaient ainsi eux aussi de
leur poste de travail.
br>
Classe Dreadnought
Construction et essais :
Convaincu que la
construction serait ordonnée, l'Amiral Fisher prit l'initiative heureuse de commencer à stocker l'acier nécessaire à la
construction avant même qu'une cale de construction ne soit disponible. Lors de ce stockage, on trouva une
configuration de la coque qui pouvait réduire la traînée de celle-ci et donc, au final, augmenter la vitesse.
Satisfait par les vingt et un noeuds déjà obtenus, Fisher opta plutôt pour une amélioration du blindage qui
atteint sur les flancs et les tourelles l'épaisseur de 279 mm, soit 76 mm de plus que le dessin antérieur d'un an.
La construction commença finalement en octobre 1905. Les travaux allèrent alors très vite, puisque le lancement
intervint dès février de l'année suivante. Le 3 octobre, le navire effectua sa première sortie en mer, l'utilisation
des tourelles conçues pour la classe Lord Nelson précédente ayant contribué à cette rapidité.
Au mois de décembre, il fut armé pour ses essais et, dès janvier 1907, il partit pour la Méditerranée, puis
pour l'île de la Trinité. Sous le commandement du capitaine Sir Reginald Bacon, les moteurs et l'armement
furent alors testés sous l'œil attentif des experts du monde entier car, de par ses caractéristiques et sa puissance,
il éclipsait tout l'existant. Cependant les Britanniques sous-estimèrent la volonté allemande de
compétition dans le domaine naval et, au lieu d'écraser la concurrence des autres pays, le Dreadnought
provoqua une course aux constructions navales sans précédent.
L'amirauté, satisfaite du résultat, lança la construction de six cuirassés similaires, en deux classes de trois
unités, les classes Bellerophon et St. Vincent, qui corrigeaient seulement quelques défauts mineurs.
Service :
Entre 1907 et 1912, le HMS Dreadnought servit comme navire amiral de la Home Fleet
Britannique. Comme symbole de la puissance navale britannique, il fut la victime toute désignée de la petite
plaisanterie d'Horace de Vere Cole, le Dreadnought hoax en 1910. À cette époque, sa vitesse n'était plus
une garantie suffisante contre les torpilleurs qui, eux aussi, avaient progressé. On l'équipa donc de canons
de 12 livres supplémentaires sur les tourelles et de filets anti-torpilles pour le protéger au mouillage.
À la déclaration de guerre, il était navire amiral du quatrième escadron de bataille, appartenant à la Home Fleet,
basé à Scapa Flow. Sa seule action d'éclat eut lieu le 18 mars 1915, lorsqu'il éperonna et coula le sous-marin
Allemand U-29, devenant ainsi le seul cuirassé à avoir coulé un submersible. En mai 1916, du fait de sa
désuétude, on le déplaça comme chef de file du troisième escadron de bataille qui, basé à Sheerness, devait s'opposer
aux raids de bombardement des croiseurs de bataille allemands. Programmé pour un carénage, il ne put participer à la
bataille du Jutland. Il retourna au sein de la Home Fleet de mars à août 1918 mais, après la guerre, en assez mauvais
état après ses nombreuses patrouilles dans la Mer du Nord, il fut placé en réserve à Rosyth. Il y resta jusqu'à
radiation, le 31 mars 1920. Vendu à la Ward & Company en 1922, il fut démoli à Inverness en 1923.
br>
Classe Dreadnought
br>
Dreadnought HMS Inflexible
Quelques sites sur les Dreadnoughts :