Le Calmar géant

Le Calmar géant est un des animaux les plus extraordinaires vivant à l'heure actuelle sur notre planète.

Deux espèces semblent avoir été pleinement identifiées : Architeuthis Dux appelé communément "Calmar Géant" et Mesonychoteuthis Hamiltoni appemé "Calmar Colossal" pour le distinguer du précédent.

Cet animal mythique fut pendant de nombreux siècle l'objet de récits colportés par les marins. Les Vikings faisaient état de monstres marins gigantesques appelés Kraken, qui n'étaient point confondus avec les baleines ou autres cétacés fréquemment rencontrés.

Au XIXème siècles, des récits plus circonstanciés, narrèrent des observations ou des pêches de calmars géants.

De nos jours, certains scientifiques avancent le fait que le calmar géant puisse être l'espèce la plus grande ayant jamais existé sur notre Terre.


Taille comparée des plus gros animaux connus à ce jour.

Historique :



La plus ancienne mention d'un céphalopode géant semble être le récit de Pline le Jeune. Dans son Histoire Naturelle, le naturaliste Romain naturaliste romain écrit dans le premier siècle avant notre ère :

"A Cartéia, un polype accoutumé à sortir de la mer, venait dans les réservoirs dévorer les salaisons. L'odeur des salaisons attire tous les animaux marins. La continuité de ses larcins donna beaucoup d'humeur aux gardiens. Ils formèrent des palissades extrêmement hautes. Le polype les franchissait à l'aide d'un arbre.

Il ne put être découvert que grâce à la sagacité des chiens. Ils l'attaquèrent une nuit pendant qu'il retournait à la mer. Les gardiens accoururent. Mais la nouveauté du spectacle les pénétra d'effroi.

Sa grandeur était extraordinaire. La saumure dont il était tout trempé avait changé sa couleur. Il répandait une odeur horrible. (...) Ils croyaient combattre contre un monstre. Son souffle affreux repoussait les chiens : tantôt il les flagellait avec l'extrémité de ses bras, tantôt il les assommait de ses deux bras majeurs, dont il se servait comme d'une massue. Plusieurs hommes eurent beaucoup de peine à le tuer avec des tridents.

"On apporta sa tête à Lucullus. Elle avait la grandeur d'un baril de quinze amphores. Ce qui fut conservé du corps pesait sept cents livres."


Ce polype décrit par Pline est certainement le premier témoignage conservé de l'observation et la capture d’un calmar géant.

Plus tard, les récits scandinaves médievaux font mention du Kraken. Il s'agit d'un monstre de très grande taille et doté de nombreux tentacules. Dans ses rencontres avec l'Homme, ce monstre est réputé capable de se saisir de la coque d'un navire pour le faire chavirer, faisant ainsi couler ses marins, qui sont parfois dévorés.

Au XVIIIème siècle, un naturaliste, E.Pontoppidan, intrigué par les récits des marins évoquant le serpent de mer et une créature munie de longs bras nommée Kraken, essaye de classer cet étrange animal. Pontoppidan pense que le Kraken est sûrement un poulpe géant.


Un Kraken.


En 1801, le capitaine d’un baleinier américain installé à Dunkerque raconta que lui et ses matelots harponnèrent un jour un cachalot qui recracha un énorme morceau de chair :

"Ils ne voulurent qu'à peine en croire leurs yeux lorsqu'ils virent que cette masse charnue, tronquée aux deux bouts, et dont le plus épais offrait la grosseur d'un mât, n'était autre chose que le bras d'un énorme poulpe, dont les ventouses renfoncées étaient plus larges qu'un chapeau. [...] Ce membre mesurait 10,65 m de long, et les ventouses y étaient disposées en deux rangs, comme dans le poulpe commun. Ce poulpe n’était en réalité qu’un calmar géant dont l’unique prédateur connu est le cachalot.

En 1810, une pieuvre géante attaque un navire français au large des côtes d'Angola. Ce céphalopode est alors observé par le naturaliste Français Pierre Dénys de Montfort.


La pieuvre géante de Pierre Dénys de Montfort.


Il fallut cependant attendre 1857 pour que le Danois Steenstrup décrive scientifiquement ce céphalopode géant sous le nom d'Architeuthis. Et pourtant, l'existence des calmars géants fut encore mise en doute par de nombreux scientifiques.



C’est en 1861, qu’un navire français, l’Alecton, tente de capturer ce fameux Kraken : il s’agissait bien d’un calmar géant.


Capture d'un Calmar par l'équipage de l'Alecton





Jules Verne, transposa l'épisode de l'Alecton et différents récits de navigateurs et de marins pour narrer, dans son merveilleux roman "Vingt mille lieues sous les Mers", de manière extraporinaire la la lutte de l'équipage du Nautilus avec un calmar géant :









Il fallut plusieurs échouages survenus dans les années 1870 sur les côtes de Terre-Neuve, pour que les calmars géants soient enfin acceptés par la communauté scientifique. En particulier en 1878, à Timble Thickle, trois marins découvrirent les restes du plus gros calmar géant jamais découvert à ce jour.

Enfin le 30 septembre 2004, un calmar géant fut observé in vivopéché par le naturaliste Japonais Tsunemi Kubodera à une profondeur de neuf cents mètres, dans le Pacifique Nord. La lutte du calmar qui dura quatre heures put être filmée.

L'équipe dirigée par Tsunemi Kubodera, du Musée national des sciences de Tokyo, a réussi à immortaliser sur la pellicule un Architeuthis de huit mètres de long, alors qu'il attaquait une proie à 900 mètres de profondeur, au large des Iles Bonin (Japon).

"Nous pensons que c'est la première fois qu'un calmar géant adulte est photographié dans son habitat naturel", a déclaré Kyoichi Mori.

Ce calmar géant attaquait sa proie avec agressivité, ce qui remet en cause la réputation du calmar lent et léthargique.

Contrairement à l'idée selon laquelle le calmar géant est relativement inactif, le calmar que nous avons photographié usait ses énormes tentacules très activement pour attraper sa proie", a déclaré Kyoichi Mori.





Le 26 mars 2008, le premier calmar géant, baptisé Wheke, a été naturalisé au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.

Wheke au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.










Le calmar géant :

Le calmar géant a été décrit à ce jour sous la forme de deux espèces distinctes :


Le calmar géant, du genre "Architeuthis dux", que l’on ne connaît que par des cadavres retrouvés échoués ou repêchés dans des filets sont désormais sortis de l'univers des légendes marine pour entré dans le domaine scientifique.

Le genre Architeuthis (Calmar Géant) est décliné en plusieurs espèces ou types découvert en certaines années :

Une autre espèce de calmar appelé communément "Calmar Colossal" pour le différencier du genre Architeutis est aussi décrit par de nombreux observateurs et caractérisé par une taille gigantesque plus de trente mètres pour la longueur du corps, soit le double pour la longueur hors tout. Il s'agit de l'espèce appelée Mesonychoteuthis Hamiltoni.





Le calmar géant est le plus grand invertébré de notre planète. Les restes retrouvés dans les estomacs des cachalots, ainsi que les traces de leurs ventouses imprimées sur la peau de cachalots repéchés,permettent d'avoir une idée de la taille gigantesque que certains Architeuthis pourraient atteindre.

La plus grosse cicatrice circulaire trouvée sur la peau d’un cachalot mesurait 45 cm de diamètre. Ce diamètre correspond, toute proportion gardée, à une dimension hors tout de soixante-cinq mètres pour la dimension du calmar. approcher les 66 m.


Combat de Titans


Traces de ventouses de calmar géant sur une peau de cachalot




Si l’on en juge par l’ampleur des cicatrices laissées par leurs ventouses sur le corps des cachalots, avec qui ils se battent à mort, certains calmars géants pourraient atteindre les 60 m voire même 75 m de longueur entre la pointe de leurs deux tentacules de chasse et la pointe de la queue.

Peu de gens ont pu observer en surface un tel combat. En 1887, le Prince Albert Ier de Monaco fut témoin de cet incroyable spectacle. Alors qu’il faisait route vers les Açores, en plein Atlantique, des projections d’eau attirèrent les marins. Ils virent un être colossal dont la tête et le corps se dressaient au-dessus de l’eau. Mais, le voilier ne put arriver à temps. Ils ne trouvèrent plus qu’une tête coupée de calmar.

En 1898, des baleiniers purent assister à un autre combat : "Un énorme cachalot livrait une lutte à mort à un gigantesque calmar, presque aussi gros que lui. Les tentacules l’enlaçaient. Le cachalot avait saisi entre ses mâchoires le tronc du mollusque et essayait de le scier en deux. Les yeux immenses du calmar se détachaient sur la peau livide de la tête. Les alentours grouillaient de requins qui attendaient l’issue du combat" (Extrait de La croisière du Cachalot de Franck Bullen)

Si le calmar avait emmailloté la tête du cachalot avec ses tentacules, c’est parce qu’il espérait pouvoir obturer l’évent. Chez les cachalots, l’évent se situe un peu à gauche sur la tête, caractéristique unique chez les cétacés.

Les "monstres" repérés par les marins depuis la nuit des temps étaient certainement des calmars géants. Il est également possible que les longs tentacules de calmars géants apparaissant à la surface de l'Océan ait pu passer pour le fameux "serpent de Mer".....Jusqu'à présent, on pensait qu'un calmar géant, si l’on tient compte de ses tentacules les plus longs, peut mesurer de 20 à 30 mètres de longueur hors tout et peser jusqu’à 200 kilos. Mais, le dernier spécimen de calmar ("Mesonychoteuthis Hamilton") pêché en Antarctique en février 2007 bat tous les records connus puisqu'il pèse 450 kg.

Les calmars, contrairement aux pieuvres et poulpes présentant huit tentacules (Octopus) possèdent dix tentacules dont deux très longs appelés "tentacules de chasse" (aka "feeding tentacles").Les calmars se distinguent des pieuvres par leur morphologie et leur mode de déplacement. Les pieuvres ont huit bras et se déplacent en marchant au fond de l'eau. Les calmars ont huit tentacules, plus deux bras plus long armés de crochets leur permettant d'immobiliser leur proie. Ils ne marchent pas, mais nagent entre deux eaux.



Les yeux des calmars géants dont énormes : Ils présenetent un diamètre de 25 cm, laissant supposer que ces céphalopodes pourraient vivre dans la zone dite crépusculaire (entre 200 et 1 000 m). En effet, la lumière perce encore faiblement à cette profondeur et permet aux prédateurs de chasser à vue. Les scientifiques ont pu observer certains céphalopodes jusqu’à 5 000 m de profondeur.



Le calmar présente de splendides couleurs changeantes, il ne devient blanc qu'une fois mort.

Les dernières constatations des chercheurs nous permettent d'en savoir un peu plus. En effet, malgré la légende qui entoure et animal mystérieux, certains scientifiques ont pu étudier des corps repêchés. Ainsi, Neil Landman du Muséum d’histoire Naturelle de New York a livré ses conclusions.



Grâce à trois corps provenant de Tasmanie, Neil Landman affirme que le calmar géant vit généralement à environ 300 m de profondeur (profondeur classique atteinte par nos meilleurs sous-marins), mais ces animaux pourraient sans aucun problème vivre dans des profondeurs plus abyssales.

La longévité des calmars géant est estimée entre quinze ou une centaine d'années. Il est difficile de se prononcer sur ce point compte-tenu du métabolisme très particulier des hôtes des abysses.



Différentes espèces d'Architeuthis ont été repertoriées : En l’an 2000, Un spécimen très rare de calmar géant a été retrouvé en Antarctique. L'animal, "Kondakovia Longimana", qui s'était échoué sur une plage de l'Antarctique est une espèce mal connue de calmar géant. L’animal mesurait 2,3 mètres de long et pesait près de 30 kilos.

Le calmar "Architeuthis Histioteuthis" possède, lui, un oeil plus grand que l’autre. Cette caractéristique lui permettrait de détecter les ombres de ses futures proies nageant au-dessus de lui.

Le calmar vampire des profondeurs appelé "Vampyroteuthis infernalis" a un corps rouge et tient à la fois de la pieuvre et du calmar. Ses deux grands yeux bleus ressortent d’autant plus qu’ils sont énormes. Son corps est recouvert de photophores et il dispose d’organes producteurs de lumière permettant d'attirer ses proies ou des femelles de son espèce.



En Février 2007, au large de l’Antarctique, des pêcheurs néo-zélandais capturent un calmar géant de plus de 10 mètres de corps et d'un poids de 450 kg (février 2007)

Ses tentacules ont la largeur de pneus de tracteur. Ce calmar ne fait pas partie du genre Architeuthis. L'espèce "Mesonychoteuthis Hamiltoni" est caractérisée son corps massif et trapu comme le montrent les photos ci-dessous.

Le calmar était toujours vivant lorsqu'il a été capturé et mangeait une légine accrochée à un hameçon lorsqu'il a été hissé à bord du bateau.







Les tentacules de "Mesonychoteuthis Hamiltoni" présentent curieusement des "griffes" au bout de ceux-ci.







En dehors de la fameuse attaque du nautilus par un calmar géant, relaté par Jules Verne dans "Ving Mille lieues sous les Mers", plusieur attaques de navires ont été authentifiées :



Ci-dessous, le lecteur trouvera quelques plhotos de calmars géants prises dans des laboratoires ou dans des musées. ces animaux fabuleux.

















Il ne fait aucun doute que les années avenir nous permettront d'effectuer de nouvelles découvertes quant à la connaissance de ces animaux fabuleux.